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Géographie de la Réunion Histoire de la Réunion

La société réunionnaise

Le métissage

Le parler créole
Les rites et croyances
Le folklore
La vie à la créole



LE MÉTISSAGE

    On peut dire de la Réunion qu'elle est un véritable "melting pot" du fait des vagues successives d'arrivants de différentes ethnies qui s'y sont installés au cours de son histoire et qui ont mêlé leurs gênes et partagé leur culture. Aujourd'hui, la population réunionnaise est une véritable mosaïque raciale.

    Dès la prise de possession de l'île, le métissage s'est effectué entre les premiers colons originaires de France, d'Europe (Espagne, Portugal, Grande-Bretagne, Hollande, Italie, Suisse) et d'Inde. 

    Avec la prospérité du café, de nouveaux européens se sont installés dans l'île. Pour entretenir les plantations, des esclaves furent amenés de Madagascar, d'Afrique et d'Inde.

   A la révolution, il y eut de nouveaux arrivants de la Métropole. Dans les mêmes temps, l'appauvrissement des créoles (ici, "créole" est pris dans le sens d'"insulaire") poussa ceux-ci à s'installer dans les hauts créant le groupe des "blancs des hauts"dont l'activité principale est l'agriculture.

     Jusqu'en 1848, de nombreux esclaves furent encore amenés dans l'île. Lorsque l'abolition fut décrétée, pour remplacer les affranchis qui désertaient les champs, on fit venir des engagés volontaires d'Inde.

   A partir de 1860, des chinois arrivèrent dans le territoire suivis dès 1870 par les arabes musulmans.

   La vague d'immigration la plus importante de ces dernières années concernent les français de Métropole. On peut aussi noter l'entrée dans l'île de Mahorais et Comoriens.

    Aujourd'hui, la population se compose de ces différents groupes:

les métis à dominante afro-malgache, qui forment le groupe le plus important
 

un groupe d'origine "malabar" (Inde)

un groupe d'origine créole (descendants des colons)

un groupe d'origine chinoise 

un groupe d'origine indienne musulmane

un groupe d'origine métropolitaine

    Chaque groupe ethnique de la Réunion a son nom local:

NOM LOCAL DÉFINITION
les cafres et cafrines réunionnais descendants 
d'immigrants africains
les chinois toute personne originaire de l'Extrême-Orient ou de type mongoloïde
Les malbars et malbaraises descendants d'indiens
Les zarabs descendants des Goujrati (Inde); 
"zarab" est dérivé de "arabe" en référence à leur religion
Les yabs et yabesses blancs des hauts; ces termes pouvant avoir une connotation péjorative, 
on préfèrera utiliser l'expression 
créoles blancs
Les zoreys  français de l'Hexagone (>oreille)

    On peut ajouter à cette liste le terme de "zoréol" qui définit un réunionnais né d'un couple mixte réunionnais/zorey.


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LE PARLER CRÉOLE

    Le créole réunionnais est un mélange du parler des pionniers français et des immigrants forcés (indiens, africains, asiatiques, malgaches). Parce qu'il est dérivé du français, ce créole est compréhensible au francophone mais du fait des déformations, il faut se montrer un peu attentif dans les premiers temps. Cette période d'adaptation passée, c'est un réel plaisir de profiter de ce patois mélodieux, plein d'humour et d'ironie. Chaque phrase est chantée et très souvent se termine dans un éclat de rire.

    Pour ce qui est de la grammaire, nous vous conseillons de consulter le volume 7 de la collection "A la découverte de la Réunion" des éditions Favory mais tout de suite, nous allons vous donner un aperçu des différentes influences dont a profité notre patois. Il est à noter tout d'abord que le créole de la Réunion a absorbé énormément de termes malgaches qui ont été le plus souvent dérivés. Par exemple:

Mot malgache Signification malgache Mot créole dérivé du malgache Signification créole
biby animal bibe espèce d'araignée
tsimpasika/tsimpeka sauterelle chipecque sauterelle
filao arbre, filao commun filao pin maritime
mafi mou; trop mûr maf fruit ou légume trop mou, immangeable
misoko s'approcher doucement misouque (en) en cachette
horita pieuvre ourite ou zourite pieuvre
rogaye ro: jus, sauce
gaye: pimenté
rougail condiment à base de piment
tsihy natte saisie natte en rafia 
ou paille

    De la même façon, des noms propres sont dérivés de termes malgaches:

Racine malgache Signification malgache Noms propres créoles Situation
tsy ilaozana qu'on n'
abandonne pas
Cilaos Village touristique situé dans un cirque à 1200 mètres d'altitude
benara où il fait froid Grand Bénard Cime s'élevant à 2895 mètre au dessus du Brulé-de-Saint-Paul
mahafaty qui fait mourir (allusion aux sentiers escarpés et vertigineux) Mafate  
mana fanina qui émerveille Manapany localité près de St-Joseph dont la plage est pittoresque

    

    On trouve également de termes créoles issus de mots indiens tels que: 

Achards:
légumes coupés en bâtonnets et pimentés 

Brède:
plante herbacée que l'on mange cuite; de "breda", mot indo-portugais signifiant: feuille bonne à manger 

Calou pilé
ou kalou pilé: arbuste dont les feuilles sont utilisées pour parfumer certains plats comme le cabri massalé 

Cari:
plat créole en sauce à base de tomates dans lequel on met viande ou poisson au choix; le terme dérive du mot tamoule "carri" signifiant "ragoût" 

Goni:
toile ou sac de jute; provient de l'hindie et du sanskrite où "goni" veut dire "sac"

Kaloubadia: affaire louche; du gujarati "kalu badja" qui signifie "marché noir" 

Karaye:
grande marmite hémisphérique très utilisée à la Réunion; de l'hindie "karhari" 

Massalé: poudre culinaire à base de safran et diverses graines, ou le plat qui contient cette poudre: coq massalé, cari poisson massalé, cabri massalé,...; du tamoule "masala" 

Samoussa: chausson triangulaire farci à la viande, au poisson, fromage ou aux légumes et souvent pimenté

Vétiver: plante aux racines odoriférantes qui a été importée de l'Inde


"Séga"
qui est le nom de la musique traditionnelle de la Réunion est par contre un terme d'origine africaine.


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LES RITES ET CROYANCES

     L'arrivée d'hommes de divers horizons au fil des ans s'est non seulement accompagnée  d'un brassage des races mais aussi de l'établissement de différentes religions dans l'île qui, tout comme les différentes ethnies, se côtoient sans heurt. La confession dominante est la religion catholique mais la religion tamoule, l'Islam et la religion chinoise sont également très répandues. Les divers temples, les chapelles et les mosquées en attestent. Il est également très courant de rencontrer des réunionnais pratiquant deux religions. On peut à la fois être catholique et tamoul ou catholique et suivre la religion chinoise.

La religion catholique La population catholique de la Réunion est très pratiquante. Les églises, chapelles et lieux de pèlerinages se trouvent en très grand nombre. Toutes les célébrations sont pieusement et dignement réalisées et fêtées. 

Dès leur naissance, les enfants sont baptisés et profitent d'une éducation chrétienne sérieusement dispnsée par leurs parents. Ils seront presque toujours inscrits au catéchisme pour quatre ans et effectueront leur première et deuxième communion. 

Celles-ci sont suivies de grands repas de famille, de véritables festivités en l'honneur du communié, qui se déclinent dans presque toutes les foyers. Lors de ces jours de communion, les quartiers résonnent de musiques diverses s'échappant des cours des habitations où un enfant a bénéficié du sacrement. Juste avant, sur le parvis ou les pelouses d'églises plus que remplies, des bataillons d'enfants en habit s'immobilisent devant les objectifs pour immortaliser ce jour. Les garçons sont tirés à quatre épingles,  les filles arborent des robes satinées ou de délicates cotonnades gonflées par des jupons de tulle. Chacun affiche sa fierté et de lumineux sourire de contentement. Les mariages à l'église sont également encore très nombreux même si on accuse une légère baisse du fait de l'augmentation des couples vivant en union libre et des mariages s'effectuant uniquement à la mairie.

Toutes les messes sont très fréquentées ainsi que les séances de prières qui se déroulent à l'église ou même chez les particuliers. Lors des messes de célébration, il faut venir bien à l'avance pour disposer d'une place assise, plus encore pour la messe de Noël durant laquelle on se réunit autour des crèches vivantes, au son des gospels.

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La religion malbar

Au fil des ans, les immigrants originaires d'Inde ont mis en commun leurs rites et croyances, ce qui a abouti à la religion malbar. Celle-ci est polythéïste. Les dieux, héros légendaires et sages sont tous appelés "bondiés malbars" (bons dieux malbars). Il y a aussi une croyance aux démons, appelés "bébèts" qui sont très craints car ayant la capacité d'attaquer et de posséder.


-Rama- 


Les lieux de cultes sont divers. On a:

des chapelles ou des temples familiaux pour le culte domestique qui peuvent tout autant être des abris en tôle que des édifices en dur richement ornés mais quelle qu'en soit la nature, ces lieux de recueillement sont toujours parfaitement entretenus et s'y déroulent régulièrement des célébrations, des séances d'offrandes et de prières.

des temples publiques tamouls dans les plus grandes villes côtières

des temples publiques traditionnels construits généralement sur les sites d'anciens camps d'esclaves ou d'engagés. C'est dans ceux-là que se pratique la marche sur le feu.

Mis à part dans les temples publiques, il n'est pas nécessaire d'être prêtre pour célébrer le culte.

Les rites principaux ponctuant la vie des individus sont le baptême (padnal) et le mariage (kalyamon, tiroumanom ou vivargom). La célébration du mariage débute par la bénédiction des alliances suivi du bain et de la préparation des fiancés. Par après a lieu la messe. Le feu sacré est alors allumé autour duquel on effectuera trois tours. Les alliances sont alors passées. Le mariage se passe sur un laps de temps plus ou moins long car il s'agit d'une succession de cérémonies dont on a ici un aperçu sommaire

Chaque année, une cérémonie religieuse a lieu dans les familles malbars pour remercier les divinités. Des offrandes sont faites: on sacrifie des animaux (boucs et coqs) qui seront ensuite cuisinés au massalé et servis lors d'un grand repas auquel toute personne peut participer. Chaque convive sera servi dans une feuille de bananier. On y posera du riz, des pois du Cap massalé, du cabri et du coq et du bouillon. Point d'assiette, point de couverts non plus: on mange avec ses doigts. Cette journée est un grand moment de joie et de fraternité pour tous, d'entraide aussi puisque l'organisation est très lourde entre cérémonie, nettoyage et découpe des bêtes sacrifiées, cuisine, accueil  des invités et service à table. Fort heureusement, les bonnes volontés ne manquent pas.

On a également comme autre fêtes ou célébrations:

le dipavali qui est la fête de la lumière. Pour cette journée, les maisons sont nettoyées de fond en comble pour chasser l'Infortune et pour y inviter la Lumière. Pendant la journée, on échange des présents et des pâtisseries, on effectue des visites amicales chez les uns et les autres. La nuit tombée, a lieu une procession aux flambeaux qui chaque année attire de plus en plus de participants et de spectateurs. Il est vrai que le spectacle est divin: c'est un défilé de superbes saris chatoyants, de visages souriants à la lueur féerique des flammes.

la cérémonie de la marche sur le feu célèbre la déesse Pandialé. Elle est précédée d'une période de jeûne de dix-huit jours pour les pénitents. Durant ce carême, les pénitents participent à des prières, des marches, certains d'entre aux portent un carlon (structure de rameaux recouverte de guirlandes de fleurs; l'axe est fait d'un morceau de bois de filao planté dans un vase de cuivre rempli de sable). La marche sur le feu consiste à traverser à pieds nus un brasier de huit à dix mètres afin d'expier ses fautes.

Le kavadi désigne par extension une célébration, mais à l'origine, c'est le nom d'un structure de bois portée sur les épaules aux extrémités de laquelle sont suspendus des pots de cuivre emplis de lait. Le pénitent doit effectuer un marche pendant laquelle le lait ne doit pas tourner. Le kavadi est fait en l'honneur du dieu Mourouga. Les pénitents peuvent lors de cette célébrations s'implanter des aiguilles dans la peau, suivre la marche en portant des "souliés le clou" (soulier de pénitence; dans la semelle de bois, on a fixé de longs clous, pointes vers le haut, la plante des pieds repose directement sur les pointes), se bâillonner d'un tissu rouge pour effectuer un vœu de silence,...

Photos du kavadi

Il faut faire la différence entre religions malbar et tamoule qui est une forme purifiée  de quelques rites de la première tels que les sacrifices d'animaux. De plus, dans la religion tamoule, le végétarisme est appliqué.

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L'Islam

L'Islam est pratiqué par les indo-musulmans. La religion est suivie fidèlement avec, bien sûr, ses prières quotidiennes. Le Ramadan (période de jeûne s'étalant sur trente jours) est effectué chaque année. On observe scrupuleusement les interdictions alimentaires (harâm): le porc est interdit ainsi que les boissons alcoolisées, seule la viande halal (viande d'animaux abattus selon le rituel) est permise. La circoncision est pratiquée, certaines filles et femmes portent le voile et dès cinq ans, les enfants suivent l'éducation religieuse à la Médersa (école coranique)


-Allah-

Le mariage consiste en une cérémonie à la mosquée. Y assistent le futur époux accompagné de témoins qui rapportent à l'Imam le consentement de la fiancée ainsi que le futur beau-père et des amis. Ensuite, une réception a lieu mais les danses sont proscrites. Le lendemain des noces, un grand repas auquel les proches sont conviés peut avoir lieu .

Les deux plus grandes fêtes dans la religion islamique sont:
Eid-ul-Fitr célèbre la fin du Ramadan. Le Ramadan est un mois de jeûne durant lequel chaque musulman tente de se rapprocher spirituellement de Dieu.

Eid-el-Kébir correspond à la "fête du sacrifice". Elle célèbre le Sacrifice d'Abraham prêt à immoler son fils Ismaël pour témoigner de sa foi. Lors de cette journée, des bœufs, cabris et moutons son sacrifiés. La chair est ensuite distribuée à des parents, des amis et aux pauvres

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La religion chinoise

A la Réunion, beaucoup de personnes d'origine chinoise sont catholiques du fait de l'évangélisation de leurs aïeux dès leur arrivée dans l'île. Mais la religion chinoise est quand même suivie de façon plus ou moins régulière à travers la célébration des rites ancestraux et des visites effectuées au temple. Certains pratiquent encore une célébration régulière du divin (prières, offrandes d'encens,...). Mais de plus en plus, les jeunes ne connaissent plus les cultes qu'à travers les fêtes.

La fête chinoise la mieux connue à la Réunion est celle du jour de l'an. Il est à savoir que le nouvel an chinois est décalé par rapport au nouvel an officiel. En ce jour, la Réunion s'éveille au bruit d'innombrables pétards dont les détonations sont sensées éloigner les mauvais esprits.

-La déesse Guan Yin, 
divinité vénérée au couvent bouddhiste de Saint-Pierre-


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LE FOLKLORE

    Du folklore réunionnais, on parlera ici du séga, du maloya et du moringue qui en sont les expressions les plus connues.

Le séga est la musique typique de la Réunion. Elle est de rythme binaire. A l'origine, c'était la danse des esclaves mais au fil des ans, elle s'est civilisée et a été progressivement dansée par tous. Cette danse se pratique soit à deux en danse rapprochée ou face-à-face sans se toucher, soit seul quand le cavalier ou la cavalière tarde à venir, le rythme étant particulièrement entraînant, on peut s'en passer... Le mouvement de base consiste en un déhanchement nécessitant une certaine souplesse. A l'appel "A terre!", les danseurs opèrent une flexion progressive des genoux tout en continuant à rouler des hanches et descendent le plus bas possible. Parfois, lorsque les genoux ont touché terre, les plus adroits se baissent en arrière en roulant des épaules puis se redressent et font de même vers l'avant, ou encore font le mouvement en continu en décrivant un cercle avec le haut du corps. Cette figure requiert agilité, souplesse et de bons abdominaux!
Les instruments de base utilisés par les orchestres de séga sont la guitare, la guitare-basse, la batterie et les percussions. A ceux-ci peuvent s'ajouter l'accordéon, le violon, l'harmonica, des cuivres,...

Le maloya a été introduit dans l'île soit par les malgaches, soit par les africains. Nous ne sommes pas certains de son origine géographique. C'est une musique de rythme ternaire. Au temps de l'esclavage, le maloya permettait aux esclaves d'exprimer leurs souffrances, leur révolte à travers une gestuelle significative et des chants à la limite des pleurs. Aujourd'hui, on y exprime ce passé esclavagiste qui ne s'oublie pas et les misères du quotidien de tout un chacun. La musique est construite par la succession de passages lents, chantés, lors desquels les danseurs sont quasi stationnaires et font un mouvement de balancier avec les bras, et des passages rapides durant lesquels tous les muscles du corps sont utilisés. Cette danse a tout d'une véritable gymnastique et demande une certaine endurance.
Les instruments utilisés de nos jours sont:

Le caïamb ou kayamb

caisson de bois de 30 centimètres sur 50 environ, recouvert de tiges de fleurs de canne et renfermant des graines sèches. L'instrument, tenu à deux mains, est balancé, ce qui produit le frottement des graines sur les parois. 

le roulèr ou ouler

gros tambour de 50 centimètres de diamètre environ dont le sommet est recouvert d'une peau de bœuf ou de chèvre et dont le fond n'est pas obturé. Pour en jouer, le musicien s'assoit à cheval sur son roulèr et frappe à deux mains sur la peau tendue.

le triangle

triangle classique que l'on frappe avec sa baguette d'acier mais tenu dans la main et non au bout d'une cordelette. Coincé au creux de la paume, on ouvre et on referme les doigts sur l'instrument pour jouer sur la résonance du son émis.

    A ces instruments s'ajoute la voix qui chante mélancoliquement la peine, le malheur. Les chants sont entonnés lors des passages lents soit en monologue, soit en dialogue. Lors des dialogues, un soliste entame le chant et les chœurs lui répondent. Par exemple:
-soliste: Ah, somin gran boi sa lé longue (Ah, qu'il est long le chemin pour aller à Grand-Bois)
-chœurs: a ti pa, ti pa na rivé (nous y arriverons à petits pas )

    On peut également trouver des parties chantées en français.

    Le costume des danseurs de maloya et de séga se ressemblent. La femme porte un chemisier ou un haut court et une longue jupe ample dont elle peut relever les pans. L'homme porte également un chemisier et un corsaire ou un pantalon retroussé. Évidemment, ces deux danses se font à pieds nus.

Le moringue est une forme de danse guerrière dont les figures ressemblent à celles de la boxe française. A l'origine, les coups étaient réellement portés mais aujourd'hui, il s'agit plus d'une danse que d'un combat. Les coups sont simulés, c'est l'expression artistique qui est mise en avant lors de véritables acrobaties dont des sauts périlleux.
Le moringue avait été quelque peu oublié récemment mais des jeunes gens de plus en plus nombreux le remette au goût du jour. Il n'est pas rare lors des diverses festivités d'en voir des démonstrations.

    Avant de conclure cette partie "folklore", on ajoutera que les groupes locaux actuels ont modernisé les musiques locales en y intégrant de nouveaux instruments (guitares électriques, synthétiseurs,...) ou en y mêlant des rythmes différents, le reggae en particulier qui est particulièrement apprécié dans l'île du fait de son rythme, du message passé, des similitudes entre le peuple réunionnais et le peuple jamaïquain. On a ainsi de nouvelles formes musicales, le maloya électrique, le seggae, le seggae-maloggae,...

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LA VIE A LA CREOLE

    Voici maintenant un aperçu de ce que peut-être une journée dans une famille créole typique. Bien sûr, nous ne pouvons reprendre ici tous ces aspects qui rendent la vie si douce au soleil de la Réunion. Nous ne pouvons qu'inviter à y venir ceux qui ne connaissent pas encore notre petit bout de paradis, à y revenir ceux qui y ont déjà goûté et à bien en profiter ceux qui y sont déjà!



Chez Pépé et Mémé

    Pépé et mémé ont une vraie maison créole: un jardin gazonné et fleuri sert d'écrin à une coquette petite maison en dur sous tôle. Des dentelles garnissent son front. A l'arrière, il y a le parc des animaux, cabris et volailles, et l'abri pour cuisiner au feu de bois de bon caris  de poulet, des rougails saucisses ou boucané, du tang que l'on servira avec du riz, des grains ou des pois, du piment confit ou en rougail.. 
    
    Il y a toujours plein de monde chez pépé et mémé. Chez le patriarche, la famille aime à se retrouver. Ainsi, il y a constamment des allées et venues. Il y a toujours des marmailles en train de courir dans tous les sens après un ballon, après le chien Royal Bourbon, les uns après les autres ou devant mémé qui les poursuit avec un fouèt. Quand elle est fatiguée de les pourchasser, elle repart s'assoire avec les femmes de sa famille ou les voisines qui sont sous la varangue et on discute de tout et de rien, on échange les nouvelles de la Réunion entière, car la Réunion est un peu un gros village au milieu de l'eau, on connaît des gens des quatre coins de l'île et où qu'on aille, on tombe toujours sur certains d'entre eux. On parle de tout et tout le monde et on glisse facilement dans les koméraz, les la-di-la-fé. "Vi conné? Zozéphine i sa marié". "Vous êtes au courant? Joséphine va se marier!". Joséphine, c'est l'une des nombreuses petites nièces. On parle du futur conjoint, quel est son métier, de quelle famille il est,... des invitations que certaines ont déjà reçues des mains propres des fiancés qui passent chez chacun pour les convier. On demande: "où se passera la noce, qui est en charge de la préparation de la salle verte,..." Un nouvel arrivant est au portail: "Personne, demande-t-il, néna de moune?" On le fait entrer. On lui installe un siège et on lui propose un petit rhum ou un café bien serré. Le temps qu'il reste avec les femmes pour siroter sa boisson, il a le temps de parler de sa famille entière dont on s'enquiert.  Puis, il rejoint les hommes qui, à l'ombre des arbres du jardin, jouent aux dominos. La matinée touchant à sa fin, les femmes rentrent chez elles pour préparer le cari pour midi.. Mémé va dans sa vielle cuisine au feu de bois d'où bientôt provient un fumet alléchant: c'est du porc cuisiné aux pois mange-tout. Le téléphone sonne. Une des tatas qui est restée va décrocher. C'est tonton René qui téléphone pour le pique-nique dominical du lendemain. A-t-on un transport pour tout le monde? Il y a quand même une sacrée ribambelle de marmaille à trimbaler! Mémé fait-elle toujours un zambrocal pois pour accompagner le rougail? On compte combien on sera. Qui montera dans la voiture de qui,...? Les jeunes gens ne viendront pas tous: certains sont partis en randonnées avec leurs dalons, d'autres vont en boîte ce soir et n'ont pas envie de se lever tôt. Car il faut presque partir aux aurores pour profiter des meilleurs endroits où s'installer sous les filaos des plages de l'ouest. 

    Quand c'est l'heure de l'annonce des décès à la radio, les plus âgés entourent le poste pour savoir si une de leurs connaissances ne serait pas passée de vie à trépas, auquel cas, il faudra se rendre à la veillée mortuaire. Lors de ces veillées, on vient saluer le défunt une dernière fois, on se remémore ensemble les souvenirs que l'on a de celui-ci, et ce durant une bonne partie de la nuit et la nuit entière pour certains.

    A midi, chacun se sert à son tour dans les casseroles. Les assiettes des hommes ressemblent à des montagnes de nourriture. Les gramounes mangent toujours dans des assiettes de fer blanc comme dans leur enfance. On s'assoit un peu où on veut, avec qui on veut, pourvu qu'on soit bien pour déguster son repas. Les adolescentes feront après la vaisselle et passeront un coup de balai.

    L'après-midi, mémé regarde ses feuilletons dont "Les feux de l'amour". Une de ses filles lui fait son repassage. Pépé fait la sieste dans son pliant. La journée s'avance doucement et tranquillement. Les jeunes filles commencent à se préparer pour la soirée. L'une se fait faire un défrisage. Après, chacune à son tour se fera faire un brushing. On choisit les habits pour le soir, on s'en prête, on se chamaille pour les chaussures. Les cousins qui sortent avec elles arrivent en scooter en fin d'après-midi. L'un deux qui est en charge du transport des filles vient en voiture. Tout le monde se prépare chez mémé. 

    C'est l'heure du repas du soir. Ceux-qui sortent se servent en premier pour ne pas partir trop tard. Les garçons sont en rappeurs. Ils portent des habits de sport de marque des pieds à la tête. Certains portent un bonnet, d'autres une casquette. Les filles sont plus belle les unes que les autres en longue robe près du corps, pantalon-trompette et petit haut décolleté.  Vraiment, le métissage fait de bien belles personnes! Lorsque le repas est terminé, ceux qui restent s'installent devant le poste de télévision. Le téléphone sonne encore une fois. Là, c'est une soeur de pépé qui invite tout le monde pour dimanche prochain. "Bin, d'accord". Ce sera une heureuse tablée de quarante personnes qui riront à gorge déployée. Chacun, pour se faire entendre dans ce joyeux brouhaha, tentera de parler plus fort que ses voisins. A la Réunion, on parle fort, on crie même parfois! Il y aura de part et d'autre de la table des visages jovials, des visages de toutes les couleurs, de toutes les origines. En fait, la couleur de peau n'existe pas. Ici, on ne s'arrête pas à cela. En bout de table, la matriarche de quatre-vingt-neuf ans regardera avec fierté sa nombreuse descendance, enfants, petits et arrières petits enfants et entre sa maman cafrine et son papa zoreil, sa première arrière-arrière petite fille auréolée d'une chevelure blonde.

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Cari, cary ou carry  préparation de viande, poisson,... qui est le plat de base de la cuisine réunionnaise.
Rougail  1) autre préparation de base de la cuisine réunionnaise où la sauce à base de tomates est plus abondante que dans les caris
2) accompagnement des plats à base piment. Par exmple: rougail tomate (piment, oignon et tomate), rougail dakatine (même ingrédients auxquels on ajoute du beurre de cacahuète), rougail mangue (mangue verte, piment, oignon). 
Tang ou tangue  Petit hérisson (tenrec ecaudatus) qui est recherché pour sa chair. En effet, celle-ci est très appréciée en cari. 
Fouèt  Petite branche que l'on casse et que l'on dépouille en partie de ses feuilles. Le fouèt est encore utilisé par certains pour fesser les enfants mais le plus souvent, il sert par son effet dissuasif sur ces derniers.
Varangue  Véranda ouverte qui donne sur la jardin de fleurs ou la pelouse. 
Koméraz Commérages, racontars.
La-di-la-fé Voir koméraz. 
Salle verte Salle faite d'une structure de bois recouverte de feuilles de palmier ou cocotier que l'on construit en plein air à l'occasion d'un mariage. Aujourd'hui, les mariages se passant dans des constructions en dur diverses, on en décore les murs avec les feuilles.   
Personne? Néna de moune? Expressions utilisées pour: "il y a quelqu'un?" 
Zambrocal Mélange de riz et de haricot cuisiné au safran (à la Réunion, le safran désigne le curcuma). 
Dalon Nom masculin signifiant ami, copain, camarade. 
Gramoune Nom masculin employé pour désigner les personnes âgées. 
Pliant Transat. 
Bin Employé pour "oui". 
Cafrine Voir le paragraphe "société". 
Zoreil Voir le paragraphe "société". 

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